⊱ Pile à l'heure. C'est rare, lui qui est toujours en retard. Danny passe une main dans ses boucles blondes, réajustant une dernière fois le joli costume qu'il a prit pour l'occasion. Le bal de Noël. Une tradition, et si les autres années le jeune Cunningham trouvait ça passablement ennuyeux de devoir s'y rendre, cette année, un autre challenge occupe son esprit et le draine à s'y rendre. Dès qu'il arrive, il le cherche. Ne le voyant tout d'abord pas, il se dirige d'un pas naturel vers le buffet, où il attrape un petit coussin surmonté d'une bouillie à la couleur douteuse. Hum. Il croque dedans et se force à finir. Bon c'est pas si dégueulasse que ça au final... Et c'est là alors qu'il va pour quitter le buffet en se retournant d'un mouvement peut-être un poil trop vif qu'il tombe nez à nez avec lui. Christopher. Un sourire malicieux et sur le coup, presque malsain, s'affiche sur ses lèvres. Ses yeux à l'allure rieuse qu'on devine pourtant fragiles détaillent sans gêne le visage de LUI. Sa proie, son prédateur, son obsession. Son tout. Il croise les bras sur sa poitrine calmement, détournant le regard de brèves secondes avant de plonger au fond de ses yeux pour ne plus les lâcher. « Tiens donc. Le jeune Pond ne s'enfuit plus, alors ? » Futile allusion au fait qu'il l'évite. Et encore, c'est un mot bien faible pour décrire comme il s'arrange pour ne pas le croiser, pour ne pas le regarder et le peu de fois où cela arrive.. comme il lui lance un regard chargé d'une haine magnétique. Bien décidé à ne pas le laisser filer, il pourrait prendre l'excuse de lui demander pourquoi il agit comme ça avec lui. Enfin, c'est pourtant bien clair, et Daniel le sait parfaitement. Le souvenir de leur bref baiser une nuit frappe sa mémoire avec la décadence d'une interdiction, mais il ne cherche même pas à le repousser. Dérisoire réminiscence. Malgré l'assurance arrogante qu'il peut montrer à cet instant-là face au beau brun, c'est une autre histoire à l'intérieur de lui-même où son estomac ainsi que son coeur, se sont retournés douloureusement.

Il n'avait jamais eu l'intention de s'y rendre. Bien au contraire, il avait escompté que l'évènement lui offrirait l'occasion de filer en douce jusqu'à Berwick, boire bières sur bières, revenir complètement saoul et sans que personne ne l'aperçoive, qu'il puisse s'endormir dans son lit, complètement mort. Bref, tout le contraire d'un bal d'hiver. C'était complètement stupide cette idée, depuis quand on fête le fait qu'on se pèle les miches et que tout est humide et gelé ? Mais évidemment, le sort en avait décidé autrement. Dès qu'Olivia en avait parlé à leurs parents dans une lettre, sa mère s'était empressée de lui faire livrer un smoking hors de prix et lui avait gentiment fait comprendre qu'il allait aller à ce bal, sans échappatoire possible. Pour l'image, avait-elle précisé. Avec Olivia qu'il le surveillait, impossible de sécher le bal. Bref, il était là, au milieu de la salle de banquet qu'on avait décoré avec de la fausse neige et des lumières tamisées. Il était là et se sentait ridiculement seul. Jamais la solitude ne l'avait dérangée auparavant, mais là, dans son costard noir, il se sentait comme le vilain petit canard. Il vît Olivia, ravissante, éblouissante. Il aperçut même Alfie et Cameron, un peu plus loin. Il aurait voulu les rejoindre, mais ce public l'étouffait. Alors il eu la réaction normale d'un adolescent de dix-sept ans : il se dirigea vers le buffet. Quitte à être là, autant profiter de la nourriture au bon goût de gratuit. Il lorgna sur des petits coussins, renifla le punch et se décida pour finalement pour une de ces horreurs en verrine. Bof. Il reposa le petit verre et se retourna, décidé à quitter cet endroit de malheur et se prendre une cuite, quoiqu'il arrive. Et voilà le sort qui s'acharnait. Cette tignasse blonde ne lui était pas inconnue, bien au contraire. Cunningham. Il se refusait à penser son prénom. « Tiens donc. Le jeune Pond ne s'enfuit plus, alors ? » Sa réflexion éveilla une douleur sourde dans la main dudit Pond. Le souvenir de la douleur, après qu'il ai joliment amoché la lèvre de Cunningham. Et puis l'odeur de la cigarette et de l'alcool sur ses lèvres. Non non, arrête de penser, s'imposa-t-il. « Passe ton chemin, Cunningham. » siffla-t-il, se détournant de son regard, bien trop beau et profond. « Je ne voudrais pas devoir t'amocher pendant le bal. Pense à ces pauvres filles, elles seront toutes affolées. » ironisa-t-il, le défiant du regard. Il se sentait tellement faible à ses côtés, comme si toute l'assurance et le sarcasme qui constituait d'habite son armure disparaissaient. En lui-même, il sentait qu'il n'était pas crédible dans le rôle du bagarreur. Mon dieu, pourquoi suis-je venu. Il pensa à la flasque d'alcool planquée dans la poche intérieure de sa veste. Était-ce sa présence qui faisait battre son coeur ou la présence de la tignasse blonde ?

⊱ Il ne sait pas vraiment s'il espérait ou s'il craignait de le croiser là ce soir. Sans doute un peu des deux. Le destin a choisit à sa place, et ce n'est pas le genre du Cunningham à se laisser surprendre ainsi. Il a toujours besoin de jouer à celui qui contrôle tout. Mais avec Christopher, il ne contrôle rien, et là est tout le problème. C'est à peine s'il contrôle le rythme incoordonné de sa respiration. Il peut presque encore sentir le goût acidulé de la cigarette et de l'alcool qu'avaient ses lèvres ce soir-là. Pense à autre chose. Tiens, comme le violent coup qu'il lui a mis après ça, par exemple. Mais il était bien trop satisfait de lui-même pour avoir mal physiquement à sa lèvre écorchée. « Passe ton chemin, Cunningham. » Un sourire malicieux étire les lèvres rosées de Daniel, qui passe une main dans ses cheveux blonds avec une nonchalance calculée. Il ne le regarde plus, mais lui le fixe toujours. Inlassablement. « Je ne voudrais pas devoir t'amocher pendant le bal. Pense à ces pauvres filles, elles seront toutes affolées. » Le ton ironique qu'il sent dans sa phrase lui fait mal, au fond, putain qu'est-ce que ça lui fait mal. Mais il se rend compte aussi que quelque chose cloche, qu'il semble bien moins assuré devant lui. Quelque part, ça lui fait plaisir. Quelque part, ça le rend honteux. « Ne t'en fais pas pour elles, voyons, Christopher. » Il a détaché chaque syllabe de son prénom avec lenteur, d'un ton suave. Il contrôle pourtant mal les battements incontrôlés. Il a chaud, aussi. Il espère que les autres ne feront pas attention. Il espère, oui, que Betty ne le surprendra pas en train de le voir face à Christopher. Il espère tellement de choses qu'il a plus de chances de voir le dirlo en string léopard plutôt que tout se réalise. Mais il s'en fiche. Bon sang, il n'en a rien à faire de tout ça, rien à faire des autres. L'objet de son obsession est là, à pas même un mètre de lui. Oui, il préfère encore parler de Chris comme d'une "obsession". C'est plus facile à accepter. Il baisse les yeux vers les mains du jeune brun. Il se demande s'il va le frapper, ce soir encore. Il se demande beaucoup de choses, en fait. Et il prêt à beaucoup de choses pour avoir ses réponses. Il fait un pas. Un seul. Ses yeux se sont de nouveaux accrochés à ceux de Christopher. « Tu ne prendrais même pas la peine de prendre un verre de punch avec moi ? À moins que tu me considères réellement comme un risque, une menace. Je comprendrais. » Il a lâché un rire moqueur très discret dans sa dernière phrase. Oui, il le provoque, encore. Pour le pousser à accepter. D'un côté, il se dit que c'est malicieux comme moyen. D'un autre, il se trouve réellement pitoyable. Pire que ça. Malsain et drôlement bas, en fait. Il a détourné le regard, les dents se serrant un peu sous l'assaut de ses pensées qui le rabaissent.

« Ne t'en fais pas pour elles, voyons, Christopher. » il relève soudainement le yeux. Il ne sait pas trop si son visage traduit la colère ou la flatterie. Car oui, en un sens, son prénom entre ses lèvres, ces lèvres précisément, ça lui fait l'effet d'être un petit garçon le matin de Noël. Ça lui fait l'effet de vouloir faire le tour de la terre, de sourire niaisement, de dire à toutes les filles qu'elles sont belles. Bref, ça lui fait un effet de drogue, de quelque chose dont il ne pourrait pas se passer. Arrête, s'ordonne-t-il. Il voudrait trouver la force de le repousser, de lui rouvrir la cicatrice qu'il arbore fièrement, comme pour le narguer. Comme pour lui rappeler "on s'est embrassés, et pendant deux secondes, t'as aimé ça". Christopher déglutît, de moins en moins à l'aise. Il a peur de voir apparaître Olivia, de voir son regard perçant lire en lui, deviner chacun de ses vices. « Tu ne prendrais même pas la peine de prendre un verre de punch avec moi ? À moins que tu me considères réellement comme un risque, une menace. Je comprendrais. » l'invitation est moqueuse, tandis qu'il fait un pas en avant. Un pas de plus dans la bulle du garçon, dans laquelle il ne cesse d'intervenir, que ce soit par la pensée ou réellement. Mais Chris ne bouge pas, le regard sombre. Il se sent défié, et le regard de Cunningham lui confirme cette impression. S'il refuse ... Non, il reste un Pond, et un Pond ne se défile jamais, d'après le paternel. Il hausse les épaules, l'air faussement nonchalant. « Au moins je n'aurai pas perdu ma soirée en discussions. C'était pas trop le but initial. » Il se servit un verre, laissa le soin a Cunningham de faire de même. Il étouffait, c'était insensé. Le punch était trop amer, trop pur, trop libre de tout alcool. Il fixa longuement la fenêtre qui donnait sur un petit balcon. De l'air, du froid, quelque chose qui le distraie de la chaleur occasionnée par la présence du blond. Discrètement, il dégaina sa flasque, et noya son punch avec l'alcool. Et comme il ne pouvait décidément rester sobre seul, il se tourna vers le blond, lui tendant discrètement la flasque. « Et n'essaye pas de profiter d'l'alcool pour faire un truc con. » chuchota-t-il, un sourire mesquin aux lèvres. Buvant une gorgée, il se sentit immédiatement plus détendu. L'alcool lui chauffait gentiment la gorge, détendait ses muscles et le rendait plus jovial. « Y'a trop d'hormones féminines en ébullition ici, j'vais boire sur le balcon. » Sous-entendu, ramène toi. A quoi tu joues ?! résonna une voix dans sa tête. Tu cherches les ennuis. Il avala une deuxième gorgée pour effacer un peu plus les voix de sa conscience. Il fixait la foule, toutes ces filles et ses garçons dansant sur un slow, comme dépossédés d'eux même. Combien d'entre eux étaient dans son cas. Combien d'entre elle. Et pourquoi cette tignasse blonde était là, comme destinée à le croiser partout, perpétuellement. Plus il portait le verre à ses lèvres, plus il se posait de questions et moins les réponses l'importaient.

⊱ La tension est grandissante. Du moins à l'intérieur de Daniel, qui sent ses mains devenir un peu moite. Il ne doit rien montrer, tout cacher, encore. Surtout à Christopher. Ce dernier ne bouge pas, c'est à peine s'il réagit au rapprochement qu'il a fait. Et il sait que l'indifférence est le meilleur des mépris. « Au moins je n'aurai pas perdu ma soirée en discussions. C'était pas trop le but initial. » Ouf. Il accepte. Et alors ? Il sait qu'il ne devrait pas se réjouir comme ça. Il sait qu'il devrait, au contraire, se mettre à le détester de la même façon qu'il le déteste sûrement en retour. Mais comment ? Comment détester ce visage si doux, ces yeux si profonds, ces lèvres si.. Il se sert à son tour, un peu ailleurs, un peu dépassé. Il suit des yeux la main de son interlocuteur qui lui tend une petite fiole. Il réagit un peu longuement, mais s'en empare pour en noyer son punch. Il n'a toujours pas bu, et trempe enfin ses lèvres. L'alcool lui brûle doucement la gorge. C'est délicieux. Il lui rend la flasque avec discrétion, lui adressant un sourire presque reconnaissant, comme il aurait remercié un ami. Christopher n'est pas un ami. Il est bien plus pour Danny. « Et n'essaye pas de profiter d'l'alcool pour faire un truc con. » Il chuchote, douce allusion à leur baiser échangé. On dirait une confidence, on dirait un secret, et son sourire... Son sourire, bon sang.. Déraille pas ! Garder une contenance. Oui. Il faut qu'il y arrive. Il n'a pas le droit de montrer comme il le trouble. « J'ai pas besoin de l'alcool pour ça... » murmure-t-il encore plus bas, plus pour lui-même que réellement pour Christopher. D'un côté, ce n'est pas faux. C'est même carrément vrai. Et triste. « Y'a trop d'hormones féminines en ébullition ici, j'vais boire sur le balcon. » Danny fronce un peu les sourcils. Je rêve ou c'est une invitation ? Il le voit partir vers ledit balcon, ne parvenant pas à faire un pas en avant, un peu hébété. Donc quoi ? Il veut des hormones masculines ? Il sent son coeur s'accélérer. Et pourtant, il sourit, et ça, ça le tue. Il porte de nouveau son verre à ses lèvres en le rejoignant dans le silence. Dehors, il fait plus frais et un vent grisant ébouriffe ses bouclettes blondes. Il s'adosse à la rambarde, entamant encore plus son verre, savourant avec quel délice l'alcool dénoue ses tensions et apaise ses interrogations. Il tourne son visage angélique vers Christopher. « On s'fait chier dans ces bals, hein ? » Mais pourquoi tu dis ça ? T'avais rien de plus intéressant à dire ? Il s'auto-flagellerais bien pour amoindrir sa stupidité. Il se désespère. Mais Chris lui fait perdre tous ses moyens. Vite, une petite lapée d'alcool.. Il observe son visage à la dérobée, avant d'enfoncer son regard sombre dans la nuit. Il finit finalement son verre, le déposant sur la rambarde comme un funambule. Il se tourne entièrement vers Christopher. L'alcool s'insinue déjà bien dans ses veines et il adore ça. Il passe un doigt sur ses lèvres, caressant presque tendrement la petite cicatrice qu'il lui reste. C'est avec un sourire à la limite de la nostalgie dérisoire qu'il lance calmement : « Tu m'as pas loupé ce soir-là, hein... » Mais ça en valait le coup. Même pour deux secondes. Même pour une lèvre fendue le reste d'une soirée. Même pour des mois de vide intense au fond de lui. Deux putain de secondes. Deux secondes où il s'est senti à l'apogée de ses recherches. Libre.

C'est quand même fou, se disait-il. Plus il buvait, plus Chris se sentait détendu, bien, délivré de ses pensées sombres, délivré des préjugés et des conséquences de ses actes. Il arrivait même à ne plus trouver si gênante la présence du Blond. Dani... Non. Il fallait quand même un peu plus d'alcool pour que Chris et son égo arrivent à accepter le fait qu'il appréciait un peu trop le blond. Il repensa à la précédente réflexion du Cunningham. « J'ai pas besoin de l'alcool pour ça... » Il en aurait souris, il en aurait rigolé. Car le blond était juste, l'alcool n'étais qu'une excuse que Chris utilisait pour apaiser sa conscience coupable. Car ce n'était pas censé être aussi bon, aussi agréable, ça n'avait pas le droit de sembler aussi juste. Ça aurait du être malsain, dégoûtant et complètement déplacé. Et pourtant, l'action avait semblé tellement naturelle. Tellement simple. Il se perdait dans des pensées métaphysiques, s'imaginait la réaction de son père, le regard de sa mère et le sourire narquois de son frère. Je m'étais toujours dit que tu ne valais rien, c'est typiquement une réflexion que Keith aurait dans cette situation.
Christopher balaya l'image de ses parents de son esprit, et reprit une gorgée de punch. Il faisait froid, mais l'alcool bouillonnait dans ses tripes, réchauffant la moindre parcelle de son corps. A moins que ça ne soit la présence du Cunningham qui lui fasse cet effet ? « On s'fait chier dans ces bals, hein ? » Chris se retourna vers la source de la voix, s'autorisa à rencontrer son regard et lui fit même la fantaisie d'un sourire. « Ce genre de truc, c'est plus le genre d'Olivia. Tu sais ... L'image. » Il accompagna sa réflexion d'un haussement d'épaule. Bien qu'il aimait sa soeur, c'était définitivement plus son milieu : les robes, les bijoux, le cavalier, la hiérarchie, la perfection, la beauté. Olivia était née pour être une reine, cela se voyait à sa démarche svelte et gracieuse, comme une danseuse. Il divaguait, et se re-concentra sur son hôte. Cunningham avait le regard plongé dans la nuit, l'air presque soucieux. Ça devrait pas permis d'être aussi ... et il se rappela que ça ne l'était pas. Pas pour lui. Puis le blond se retourne vers lui, se rapproche. Chris ne bouge toujours pas, et dès lors le malaise grandit en lui, il avale une lampée d'alcool. Les doigts du blond caressent la petite cicatrice, souvenir du fameux soir. « Tu m'as pas loupé ce soir-là, hein... » Appelez ça réflexe, mettez ça sur le compte de l'alcool, mais Christophe sourît, amusé. Il fixa la plaie, se rappela de la douleur de son poing tout au long de la nuit. De la marque violacée qui était apparue le lendemain matin. « Mauvais réflexe, désolé. » déclara-t-il dans un rire discret, tout en fuyant le regard du blond. Il se demandait intérieurement s'il était réellement désolé. Surement, peut-être pas. « Si ça peut te consoler, ça m'a fait un mal de chien aussi. » rajouta-t-il. Un mal de chien oui. Mais était-ce vraiment sa main qui lui faisait mal, sinon son corps tout entier, bouleversé par les sentiments subis. Il se re-servis un verre. « Promis, la prochaine fois je fais gaffe. » dit-il, de but en blanc. Puis il réalisa le sens de sa phrase. Bizarrement, ça ne le gênait pas tant que ça. Ah, l'alcool. Il sentit néanmoins une légère rougeur venir teinté ses joues, et feignit de trouver très intéressant l'architecture du balcon. Tu joues avec le feu, chris.

⊱ Sur le moment, oui, cela avait semblé tellement naturel et normal... Une évidence. Ses lèvres contre les siennes avaient semblé être la seule issue, la seule échappatoire. Sa main sur sa cuisse, sa bouche sur la sienne... Bon sang, pourquoi ce coup de poing alors ? C'est interdit. Il serre les dents, chassant ce souvenir. « Ce genre de truc, c'est plus le genre d'Olivia. Tu sais ... L'image. » Daniel n'en a pas entendu un mot. Il a les yeux rivés sur son sourire. Son coeur s'est emballé. Putain pour un sourire quoi... Il se dégoûte. Et ça le fascine à la fois, de réagir comme ça. Alors qu'il se rapproche légèrement, il parle alors du fameux coup qu'il s'est pris ce soir-là. Mais bon, un baiser valait au moins une rouée de coups de fouet, alors Danny ne regrette rien. Absolument rien. « Mauvais réflexe, désolé. » Il sourit, il rit même... Il veut l'achever. Mais Emrys ne montre rien, gardant ses yeux sombres et perçants dans ceux de Christopher. Un réflexe ? Et en plus, il s'excuse ? Le blond n'en croit pas un mot mais esquisse simplement un sourire amusé. « Si ça peut te consoler, ça m'a fait un mal de chien aussi. » Un mal où, Chris, hein ? Certainement pas au même endroit que moi... « Ça ne me console pas vraiment. » avoue-t-il d'un air sincère et dérisoire, comme si ce soir, il avait décidé d'être drôlement franc. Il reprend une gorgée de son verre. « Promis, la prochaine fois je fais gaffe. » Il s'étouffe presque. La prochaine fois ? La prochaine fois ? Cette fois, Danny n'a pas pu s'empêcher de le dévisager ouvertement, tourné vers lui. La nuit n'a plus d'importance, l'alcool non plus, les règles encore moins. Il doit se faire violence pour ne pas briser la distance qui les sépare pour mettre un terme à l'attraction physique et violente qui lui est exercé. Il le voit rougir un peu. Ça le rend encore plus adorable. « Donc il y aura une prochaine fois, Christopher ? » Il a haussé un sourcil, même si sa voix s'est faite légèrement différente, un peu... malicieuse et maladroite à la fois. Il détourne le regard le premier cette fois-ci, se rabattant avec détresse sur son verre qu'il finit dans la foulée. L'alcool lui brûle la gorge et les neurones, et c'est tant mieux. À ce moment-là, il voudrait juste cesser de penser. « On pourrait aller se promener, si tu veux sortir d'ici. J'suis certain que personne ne le remarquerai. » propose-t-il sans le regarder, comme une invitation lancée à la nuit noire. Bien sûr que leur escapade est capable de se faire remarquer, bien sûr que leur fuite auraient des dangers. Mais ils ne sont plus à ça près.

« Donc il y aura une prochaine fois, Christopher ? » T'as tendu le bâton pour te faire battre, Chris, assume maintenant. Et Chris ne savait pas si c'était grâce à l'alcool, mais il commençait à assumer, progressivement. Néanmoins, toujours un peu gêné par sa réponse, il opta pour un silence lourds de sous-entendus. Il porta son verre à ses lèvres mais se rendit compte qu'il était maintenant vide, tout comme l'était sa flasque. Sa bouche se faisait un peu pâteuse et soudainement il avait chaud. Il voulait boire une bonne bière fraîche, comme celles du pub. Mais le pub lui était inaccessible pour le moment et le seul endroit proche où il pouvait espérer boire une bière, c'était la cabane. Il pensait déjà à la fraîcheur du bois, la tranquillité de la cabane, les bières planquées dans le matelas défoncé et la présence du blond à ses côtés. « On pourrait aller se promener, si tu veux sortir d'ici. J'suis certain que personne ne le remarquerai. » Il devait avoir lu dans ses pensées. S'il n'avait pas été si attirant, on aurait pu être de bons potes, songea Chris, l'air rêveur en bloquant sur les lèvres du blond. « Maintenant que tu le proposes, j'irai bien fumer un peu. » Et il ne voulait pas dire "fumer des clopes" mais fumer de cette substance illicite cachée dans sa poche intérieure, afin de décoller un peu. « J'pense que la cabane sera déserte. » rajouta-t-il, l'air de rien, mais sans pouvoir s'empêcher de sourire. L'air béat, saoul, il se sentait étrangement paisible aux côtés du blond.

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