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ANECDOTES.

UNE FAMILLE DIVERSIFIEE ✻ Assise au coin de la table sur la droite. Assise au coin de la table sur la droite tout près de la fenêtre. Cette dernière t’offre une manière bien douce et ennuyeuse de passer ton temps. De tes prunelles limpides et grises, les flocons de neige qui tombe sur le trottoir pavé devant la maison de tes grands-parents t’apparaissent illusoires comme transportés par la nonchalance de la lassitude des moments passés en compagnie de ta famille. En ce samedi après-midi nombres des jeunes de ton âge sont en train de passer du bon temps en compagnie de leurs amis. Quand à toi, tu étais là attablée en compagnie de ta famille qui ne cessait de débattre d’un énième sujet politique. « Dis-moi Jane, quelles sont les options que tu comptes choisir pour ton entrée à Lachlan ? ». T’interroge soudainement ta grand-mère en souriant de toutes les dents que possède son dentier. Cette interrogation soudaine, te ramène au moment présent t’arrachant à tes songes paresseux. Les couverts toujours en main, tu prends conscience que tu n’as toujours pas touchée à ton assiette. Des regards réprobateurs pour ne pas dire accusateur te scrutent avec silence, mais finalement c’est ta figure maternelle qui prend la parole te coupant presque – pour ne pas dire royalement – l’herbe sous le pied. « L’histoire de l’art et bien entendu une deuxième langue étrangère. Il est très important qu’elle maintienne un bon niveau de culture générale afin d’avoir le meilleur dossier possible, n’est-ce pas ma chérie ? ». Déclare ta mère avec un très grand sourire dessinait sur ses lèvres pleines et aussi écarlate qu’une fraise. Cela en était presque ridicule, mais c’était pourtant tout le personnage de ta mère qui en voyait en ta personne, un avenir professionnel brillant, une carrière accomplie, une vie de maison bien tenue, la parfaite jeune fille de bonne famille. A bien des égards tu l’étais. Assidue dans tes études, sérieuse et rationnelle dans l’attitude, calme et silencieuse dans tes manières de politesse, tu as tout ce que tes parents souhaitent voir en toi. Cependant, c’est bien connu les apparences sont bien trompeuses car intérieurement tu rêves de libertés plus farouches, plus spontanées. « Bien sur maman. ». Réponds-tu doucement tout en hochant la tête, les lèvres serrées avant de sourire timidement. « Mais laissez donc mon unique petite fille tranquille, la pauvre gamine ne va plus savoir où donner de la tête sinon ! ». Ricane ton grand-père d’un sourire moqueur. Sa prestance en bout de table ne surprend personne. Ses manières et ses coutumes ont tendance à gêner sa femme et ton père, mais tu aimes voir combien cet ancien militaire – général dans l’armée de l’air - de carrière sait se montrer vivace et plaisant. « Les jeunes d’aujourd’hui ont grand besoin de profiter la vie, pas vrai Jenny ? ». Il te considère d’un clin d’œil complice avant que tu ne mêles son rire au sien. « Bon, il est où ce gâteau ! ». Il tape des mains sur la table tout en rigolant de bon cœur. Et c’est en regardant l’expression joyeuse de ton grand-père que tu comprends toute la teneur du mot liberté.

L’ART ET LA NOTION DE LIBERTE ✻ « On peut savoir pourquoi tu prends mon garage comme atelier personnel ? Non pas que tu me déranges, ça me plaisir de t’avoir à la maison, mais je n’arrive pas à comprendre ! ». Tu ne peux réprimer un sourire mutin sur le bout de tes lèvres alors tu déclins d’un énième coup de pinceau un dégradé de couleurs. Tu penches légèrement la tête sur le côté pour voir le résultat sous un tout autre angle de vision alors qu’une moue critique envahit les traits doux et enfantin de ton visage. « Ils ne comprendraient pas. ». Et bien entendu par « ils » tu voulais parler de tes parents. Ces derniers étaient beaucoup étroits dans leurs esprits – même respectifs – pour te comprendre, ils te mettraient en défaut, t’accableraient de gâcher ton existence – cette douce perspective d’avenir – avant de te renier tout simplement. Les parents Nicholas en revanche était de véritables adorateurs de la paix dans le monde, complétement intégrés au mouvement de pensée du moment : peace & love, ils restaient des gens ouverts au dialogue, aux arts et à la culture. Nicholas n’était pas ton meilleur ami pour rien après tout, vous partagiez votre gout commun pour l’art même si lui était beaucoup plus attirés par le cinéma. Se laissant tomber dans la vieux fauteuil défraichis par les années, le jeune blond soupire. « Ouais je sais bien, mais tu ne vas pas te cacher toute ta vie quand même ? Tu es très douée pour ça. Regarde le résultat !? ». Te dit-il tout en désignant ton dernier tableau d’un signe de tête. Tu fronces ton nez de manière tout à fait gamine – tu en as conscience puisqu’on ne cesse de te faire la remontrance depuis des années – tout en croisant les bras sous ta poitrine. « Oui et bien moi je ne suis guère convaincue. ». Lui affirmes-tu en rigolant tout en secouant ton visage d’un mouvement négatif. Tu déposes ton pinceau sur le gobelet en plastique comportant de l’eau avant de venir t’installer aux cotés de ton camarade de toujours. Ce dernier dépose un bras autour de tes épaules, alors qu’une musique de Marylin Monroe joue en fond sonore par la vieille radio de fortune du père de Nicholas. I Wanna be loved by You. Une chanson qui a fait parler d’elle. « Tu vois je veux la liberté mais pas une comme pouvait le vivre cette pauvre Monroe ? Pas le moins du monde. ». Murmure ton compagnon d’un ton lointain, presque évasif. Tu souris malgré toi en repensant à la vie tragique de cette malheureuse et pourtant radieuse icone américaine. « Tu sais Nick, ni toi ni moi on rêve de liberté conditionné, juste une liberté à notre image … oui sais c’est ça, il faut que ça nous ressemble. ». Il rit d’un rire chantant, mais c’est un signe entre vous comme te dire qu’il est tout à fait d’accord avec toi. Oui, une liberté à ton image comme peut le dépeindre ton esquisse de tableau.

UN SOUTIEN PAS COMME LES AUTRES ✻ Installée face à ton pupitre, les jambes croisées sous la table, un stylo de papier à la main gauche tandis que de l’autre ta main repose au creux de ta paume, tu regardes le tableau noir où est écrit une citation de Shakespeare. Tu réfléchis. Tu tentes de raisonner à ce que peux bien cacher cette citation, ce qui n’est guère le cas des autres filles de ta classe qui accoudée à leur table semble baver devant la vision de votre professeur de littérature. Tout un personnage cet enseignant mais malgré tout, ses cours étaient plus que vivants et intéressants. Monsieur Cummings lève les mains en hauteur comme pour illustrer ses propos et la sonnerie retentit sans crier garde. A croire que le temps passe à une rapidité hallucinante lors de ses cours. « Attendez-vous à une prochaine interrogation au prochain cours ! ». Cris-tu en un rire quelque peu tordu et sadique à la fois. Tu savais qu’il aimait rendre ses cours attrayants mais qu’il était tout aussi sérieux lorsqu’il s’agissait des résultats scolaires. Pour toutes réponses, il n’obtient que des soupirs et de la mauvaise foi. Tu lèves les yeux au ciel, avant de rassembler tes affaires sous ton bras et de prendre la direction de la sortie lorsque Cummings t’interpelle en te montrant du doigt. « Daniels, on se fixe un moment vous vous voulez bien. ». Ce n’était pas une question mais une assertion déguisé en ordre. Tes lèvres se pressent l’une contre l’autre et te figes devant la porte de sa classe avant de te faire demi-tour alors que les couloirs se vident doucement mais certainement. « Arrête de penser que tu vas enfreindre une règle c’est une discussion de professeur à élève, Jane. ». Te dit-il amusé tout en essuyant le tableau noir derrière lui. « Pas vraiment, c’est surtout un dialogue ouvert entre un oncle et sa nièce. ». Rétorques-tu réprobatrice tout en haussant les sourcils. Et oui Alden Cummings était le cher frère cadet de ta figure maternelle, et quelque part tu te demandais encore ce qui pouvait bien les relier car tous deux étaient parfaitement opposés. « Oui et alors c’est pareil, non ? ». Il hausse les épaules d’un air tout à fait moqueur, tout à fait égal à lui-même surtout. Tu te contentes d’arquer un sourcil, un sourire prenant naissance aux coins de tes lèvres. « Je m’en fais pour ma nièce je n’ai pas le droit ? Ta mère ne cesse de m’interroger comme Sherlock Holmes sur tes résultats scolaires qui sont toujours aussi excellents pour ne pas dire parfaits … Mais en dehors, toi comment tu te sens ? ». Il croise les mains sur son genou, celui posé sur son bureau. Tu soupires. Ton oncle te connaît assez bien pour savoir combien tout n’est pas aussi rose que dans les chansons qui peuvent jouer à la radio. Tu passes ta main droite dans tes cheveux ondulés avant de glisser d’une intonation fatigué. « Tu sais comment elle est, je ne t’apprends rien. C’est pas mal de pression, ils attendent beaucoup de moi et parfois j’ai vraiment envie de prendre le large, de faire ce que j’ai envie. ». Alden hoche doucement la tête d’un air entendu et compréhensif. Il était au courant de sa passion pour le dessin et l’art, il était d’ailleurs l’un des seuls avec Nick et avoir son soutien dans la famille était très important pour toi. « Ecoute lors des prochaines vacances d’été, tu pourrais prendre un peu le large en venant quelques temps en vacances à la maison. J’en toucherai deux mots à ta mère à l’occasion mais avec l’appui du grand père on devrait pouvoir faire en sorte que tu suives en catimini ce stage de dessin. ». Ton oncle te sourit avec confiance et jovialité et t’offre une bonne nouvelle qui mérite de prendre comme on le dit son mal en patience.

HAWKES ✻ La file d’attente s’amoncelle devant le guichet de la vente des billets du seul cinéma de la petite ville de Berwick-Upon-Tweed. Tu te balances sur tes deux pieds afin de soustraire le froid au second degré de tes pensées du moment, comme quoi tu aurais dû opter pour tes bottes de saisons et non des ballerines. Nicholas tend légèrement le cou pour apercevoir le début de la queue et soupire une énième fois. « Si j’avais su que ce film ferait sensation, on aurait campé le camps ! ». Tu secoues la tête face à sa remarque en masquant un rire amusé. Le vendredi était le seul jour où vous pouviez sortir jusque vingt-et-une du soir, et donc le seul jour de la semaine où regarder un film était possible. « On est vendredi Nick, il y a pas d’autres explications. ». Lui dis-tu tout en lui donnant un petit coup de coude afin de freiner quelque peu sa patience. Alors que vous avancez de quelques pas pour suivre le moment de la foule, une voix devenue presque coutumière à ton oreille tu fronces les sourcils. « Après la séance de ciné, tu pourrais venir boire une bière avec moi ? ». Cette voix assurément masculine et mélodieusement taquine ne peut être que celle de Cameron. Ce jeune homme ayant la fibre musicale, toujours en compagnie de son ami à la coiffure particulière. Tu reconnais son timbre de voix par cœur parce qu’il ne cesse de te poser la même question depuis le début de la rentrée. Tu reconnais bien là son attitude parce tu sais avec pertinence qu’intérieurement il ne lâchera jamais l’affaire. Nicholas te jette une œillade moqueuse tout en levant les yeux au ciel alors que tu te retournes légèrement vers ton interlocuteur. « Inutile d’invoquer la règle des cinquante centimètres, nous ne sommes pas dans l’enceinte de Lachlan. ». Ce qu’il peut être arrogant et sûr de lui ! Il n’est pas croyable dans son genre, mais c’est vrai que tu le trouves incroyable dans le fond. Seulement accepter sa demande c’est prendre le risque d’engendrer des conséquences, un tas de limites que tu as peur de franchir. Tu grimaces avec sérieux comme pour rebondir sur tes pattes avant de reporter ton attention, droit devant toi en jurant entre tes dents. « C’est toujours non, pourquoi tu t’entêtes à la fin ? Tu es obtus dans ton genre tu sais. ». Tu lui tournes toujours le dos, les mains dans les poches de ta veste rouge. Vos meilleurs amis respectifs rient de cette discussion, mais tu ignores cette réalité. A nouveau il se penche vers toi, te murmurant à ton oreille. « A ton avis Jane pourquoi je m’entête ? C’est une question dont tu connais la réponse … ». Te glisse-t-il à l’oreille tout en riant de son sourire de loup qui de loin te fait toujours craquer. La file d’attente à bien avancée depuis tout à l’heure et c’est lorsque Nick achète les billets que tu reviens à l’instant présent. « Oui je la connais la réponse Hawkes… Et devine quoi c’est toujours non. ». Déclares-tu en un rire sourire contrit. Tu rejoins ton camarade vers l’intérieur avant de t’autoriser une dernière œillade vers Cameron. « Et bien ma meilleure amie est mordue on dirait ! ». Tu lèves les yeux au ciel avant de pousser la porte de salle de cinéma, mais tu sais que dans le fond il n’a pas si tort que cela.

Mais Jane, c'est meugnon, comme Jane dans Tarzan. Super choix de scénario, l'avatar itout. BIENVENUE ICI.