informations personnelles.

(NOM) Somerset. pas trop long, pas trop court, parfait.
(PRÉNOMS) Peter, simplement Peter. et non, il n'est pas un jeune garçon refusant de grandir.
(AGE) dix-huit ans.
(NATIONALITE) purement anglaise.
(LIEU ET DATE DE NAISSANCE) deux décembre 1945 à Birmingham.

informations scolaires.

(ANNÉE) quatrième & dernière année.
(OPTIONS) art & langue, plus précisément l'italien.
(DANS L'ETABLISSEMENT DEPUIS) depuis qu'il a dix ans, soit depuis toujours.
(NIVEAU SCOLAIRE) le jeune homme n'est pas très studieux, bien que ses résultats scolaires puissent faire croire le contraire. même s'il s'efforçait à être le pire élève de l'établissement, il ne réussirait point à atteindre son but, ses résultats resteraient excellents.

(A SAVOIR) à la fâcheuse tendance de dormir en classe, ce qui ne plaît pas à ses instituteurs. c'est le seul endroit où il arrive à dormir † ne touche ni à l'alcool, ni à la drogue, mais fume comme une cheminée. il n'est pas rare de le voir fumer dans les bois... ou même dans les toilettes, au risque de se faire prendre † les parents de peter aimerait bien le voir avocat ou même politicien - comme son père - mais ces deux occupations n'intéressent point le jeune homme, qui ignore totalement ce qu'il veut faire dans la vie † pendant que les jeunes britanniques s'affolent devant la pop anglaise, peter s'exalte devant la pop française † est homosexuel, bien qu'il ne l'admette pas ouvertement † d'ailleurs, sa vie amoureuse est plutôt platonique, sa froideur repoussant autant le sexe masculin que le sexe féminin. † déteste les mathématiques et les sciences. comme il s'amuse souvent à répéter, il n'est pas un homme de logique, mais un homme d'illogique † peter est fasciné par le mouvement symboliste † déteste le cinéma, qu'il considère comme l'« art inférieur » † apparaît souvent comme un être prétentieux perdu dans ses pensées † se mêle très rarement aux autres étudiants, qu'il trouve pour la plupart insignifiants † joue du piano depuis sa tendre enfance, mais ne se pratique plus depuis longtemps † n'adhère à aucune religion et refuse l'existence du divin † très silencieux, il parle que quand cela est essentiel et préfère sa propre compagnie à celle des autres † ignore totalement ce qu'il va faire à sa sortie de l'établissement. il pense peut-être voyager, mais ne sait pas où ni comment. sa seule certitude est qu'il ne veut pas devenir comme ses parents † n'est pas à l'aise avec les autres garçons, ne se voyant pas en eux. il préfère la compagnie des femmes, qu'il trouve plus raffinées † peter tient un carnet dans lequel il écrit tout ce qui lui vient à l'esprit dans un texte suivi. il est le seul à comprendre ses écrits † peter est reconnu comme « l'homme de marbre », puisqu'il esquisse des sourires qu'en de rares occasions † il adore errer dans les couloirs de l'école. cette activité lui permet de penser † a été nommé en l'honneur de peter pan, une histoire que ses parents affectionnent tout particulièrement. peter la déteste.

(IL ÉTAIT UNE FOIS) 1945, quelques mois après la fin de la guerre. Birmingham est une ville ravagée. C'est dans ce décor apocalyptique que vint au monde un petit garçon qui allait grandir trop vite...

La plus grande erreur que j'ai pu commettre dans ma misérable vie fût de naître. Ce n'est pas bien compliqué. Si je n'étais point là, je ne vous raconterais pas ma vie pathétiquement pathétique. Si je n'étais point là, je ne me ferais pas chier à écouter des professeurs insignifiants s'efforcer de nous mettre dans le crâne des valeurs tout autant insignifiantes. Je n'aurais pas à vivre dans cet internat pourri dédié uniquement aux gosses de riche, ces créatures hautaines et snobs vouant un culte au nombrilisme et connaissant supposément tout de l'existence humaine. Je n'aurais pas à vivre, tout simplement.

Né de deux parents bourgeois, ce petit garçon allait être nommé « Peter », en l'honneur de la populaire histoire écrite par Sir James Matthew Barrie. Son paternel était un politicien qui, pour une raison médicale (ou selon certaines histoires, par pot-de-vin), ne fit pas la guerre et put profiter paisiblement de sa vie de bourgeois en compagnie de sa jeune épouse. Vie paisible, bien qu’éphémère puisque la guerre vint frapper Birmingham et détruisit une grande partie de la cité. C'est dans un froid record que vint au monde le jeune Peter, quelques mois après la destruction partielle de la ville. Jugeant que Birmingham n'était point un endroit pour élever un jeune bambin, les jeunes parents déménagèrent près de Manchester, où un emploi attendait monsieur Somerset. Emploi qui se révéla insatisfaisant et poussa la famille plus au Nord, à Édimbourg, où la mère Somerset avait d'importantes connaissances. C'est là-bas que Peter passa sa jeunesse. Le don de la parole n'apparût chez lui que très tardivement. Ses parents pensèrent même qu'il était muet, ce qui les désolait puisqu'ils avaient déjà planifié un palpitant plan de vie pour leur fils adoré. Et le fait que leur fils puisse être muet contrecarrait ce dit plan. Heureusement pour eux, Peter prononça son premier mot à l'âge de trois ans. Problème surmonté, Peter fût inscrit à toutes sortes d'activités pour qu'il devienne l'enfant prodigue ardemment souhaité. Bien avant que Peter fréquente un établissement scolaire, il savait déjà comment écrire, lire et jaspiner en anglais et légèrement en français. De plus, sur l'ordre de sa mère, il apprit également à jouer du piano, instrument qu'elle aurait elle-même voulue apprendre dans sa prime jeunesse. Peter était un enfant comblé par ses parents.
Mais était-ce réellement cela qu'il désirait ?

Je me souviens d'un jour, vers l'âge de huit ans je crois, où je réalisai que le monde autour de moi n'était qu'hypocrisie et mensonge. Mes parents agissaient comme cela avec moi pas par amour, mais plutôt par dégoût de la personne que j'étais. Ils voulaient que je devienne quelqu'un que je n'étais pas. Et en me modifiant à leur guise, ils allaient enfin pouvoir m'aimer. M'aimer parce que j'allais être leur marionnette, créé de toutes pièces avec les traits et les goûts qu'ils désiraient le plus voir en ma personne. J'étais leur monstre de Frankenstein. Cette journée-là, je réalisai tout simplement qu'ils ne m'aimaient pas.

Dès l'âge de huit ans, Peter montra un désintéressement grandissant envers ses activités, désintéressement qui inquiéta grandement ses parents. La raison pour cette soudaine indifférence était, selon les dires du jeune garçon, une envie de « changer d'air ». Ses parents ne comprenaient pas. Ils lui donnaient tout et en échange, lui, il ne faisait pas ce qu'il lui était demandé. Ils essayèrent bien de lui faire comprendre, mais en vain, il refusait de retourner à ces activités de bourgeois et s'entêtait à ne rien faire, ce qui énerva ses parents. Ils ne trouvèrent qu'une façon de régler ce problème : l'envoyer dans une institution privée loin de chez eux. Cet institut se révéla être celle de Lachlan, dans la petite municipalité de Berwick-upon-Tweed, bien loin d'Édimbourg. C'est à l'âge de dix ans que Peter y fut envoyé et à ce jour, il continue de fréquenter cet internat bien connu des milieux bourgeois de l'Angleterre.

Je ne dirais rien sur ma scolarité puisque je considère que ce n'est point intéressant. Je ne vous dirais pas quand j'ai commencé à fumer, quand j'ai découvert cette passion pour la culture française, quand j'ai commencé à tenir mon carnet de notes. Je ne vous dirais rien puisque cela ne serait point nécessaire à votre compréhension de mon être. Par ailleurs, suis-je vraiment un être intéressant ? Passionnant ? Non. Je ne suis qu'un jeune homme perdu dans un vaste monde qui n'est pas le sien. Un jeune homme maigrichon qui, à la première occasion, risque de se briser en deux. Je regarde tout autour de moi et je suis dégoûté par le monde et les gens qui y vivent. Tout ce monde m'attriste. Et pour être franc avec vous, je préférerais ne pas en faire partie.

En cette dernière année d'internat, les parents de Peter s'impatientent. Lui qui a toujours refusé de revenir à la maison pour les vacances d'été, est-il un nouvel homme ? Ses résultats étant satisfaisants, veut-il enfin se lancer sur les traces de son père ? Ou est-il toujours le petit garçon entêté qu'il était lors de son admission à Lachlan ? Tant de questions, mais aucune réponse. Peter est-il un nouvel homme ?