Été 1959, Alexis, ça suffit. Tu es insupportable, tu vas en internat. Alexis éclata de rire. Du haut de ses treize ans, Alexis Rosenbach était l'une des gamines les plus insupportables. Depuis que sa mère était décédée et qu'à peine un an après la mort de cette dernière, son père lui avait déjà trouvé une belle-maman, la jeune fille ne lui obéissait absolument plus, se rebellant contre le monde et trouvant absolument tout "trop injuste". La menace de l'internat. Encore la menace de l'internat. T'en a pas marre papa, de ressortir toujours la même excuse pour me faire taire ? Son père se retourna vers elle, les sourcils froncés et une expression de colère sur le visage. Ohoh, crois-moi, cette fois c'est pour de bon. Et cette fois-ci, c'était pour de bon.

Rentrée 1959, Travaille bien ma chérie, on se reverra aux prochaines vacances. dit le père d'Alexis, essayant de déposer un baiser sur la joue de la jeune fille mais celle-ci détournant la tête. Tu comptes me laisser moisir dans cet internat pendant combien de temps, hein ? dit Alexis sur un ton désinvolte. Fais attention à ton language jeune demoiselle. Et jusqu'à la fin de ta scolarité. Cet établissement est réputé pour former l'élite alors ne détruis pas tes chances d'avoir ce fameux "vrai" travail dont tu rêves apparemment tant. dit-il alors que la voiture s'arrêta et qu'Alexis sortit de celle-ci, observant le bâtiment qui ne ressemblait en rien à la maison à laquelle elle était habituée. Alexis se retourna vers son père, le visage fermé. Comment t'as fais pour payer pour cette école ? Tu as escroqué l'assurance vie de maman ou c'est ta nouvelle femme objet qui te donne tout cet argent. dit-elle, sur un ton sec alors que la main de son père atterit sur sa joue en un grand claquement. Alexis posa sa main sur sa joue, serrant les dents. Ne parle pas d'Hélène comme ça. Ni de ta mère. Je comprends que tu sois toujours bouleversée par le fait qu'elle nous ai quitté mais éventuellement, il va falloir que tu t'en remettes. Et je me suis endetté pour le reste de ma vie pour pouvoir payer cette école, Hélène a proposé d'aider mais tu es ma fille et ma responsabilité. Alors n'agis pas comme une fille idiote et comports toi bien. Je sais que tu es assez intelligente pour comprendre ça et pour réussir dans cette école très facilement. La jeune fille enleva la main de sa joue, laissant une marque rouge de la main de son père sur celle-ci. D'accord, papa. dit-elle simplement avant de prendre sa valise dans sa main et de suivre le flot d'étudiants se dirigeant vers la porte d'entrée. Elle se retourna brièvement pour faire un petit signe de la main à son père, qui la regardait s'en aller au loin, appuyé contre la portière de la voiture.