Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Alfie English

Alfie English

messages : 494

❝ TAKE IT EASY ❞
côté coeur :
agenda, notes, planning :

NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight Empty
MessageSujet: NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight   NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight Icon_minitimeJeu 14 Fév - 19:48


nicolas + alfie
« would you stop feeling sorry for yourself?
it's bad for your complexion »
    L’internat avait tenu toutes ses promesses, c’était la réalisation de tous mes cauchemars rassemblés en un seul lieu : des hordes d’adolescents boutonneux puant la transpiration et la gomina, leur front aussi luisant que leurs cheveux, croisaient des troupeaux de jeunes filles écervelées qui ne pouvaient s’empêcher de glousser comme des poules hystériques au passage d’un membre de la gent masculine, et pire lorsqu’il s’agissait d’un professeur. Le pensionnat en lui-même était une vieille bâtisse, symbole d’une Angleterre disparue, reine d’un monde qui s’était écroulé. Il n’était pas étonnant que mes parents aient choisi cet endroit parmi tant d’autres, ils avaient simplement opté pour le ridicule anglais dont ils étaient eux-mêmes tant empreints. Au début pourtant, mon arrivée à Lachlan avait représenté une bouffée d’air bienvenue grâce à l’éloignement géographique qu’elle impliquait entre ma vie à Reading et moi-même. Cela avait été pour moi l’occasion d’échapper à la routine de la vie dans une ville moyenne et médiocre, et de m’émanciper de la tutelle paternelle. A Lachlan, j’étais inconnu, mon visage n’évoquait rien à personne, et j’avais pu me fondre dans la masse des pensionnaires en toute discrétion, sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit à propos de quoi que ce soit. Très vite pourtant, les choses avaient changé. Mes camarades de classe m’étaient devenus insupportables, à l’exception d’une poignée d’entre eux, et leur simple présence me provoquait des crises d’urticaire. Les professeurs, arrogants comme s’ils étaient détenteurs d’un prix Nobel, étaient persuadés d’être investis d’une mission quasi divine et nous balançaient leur sagesse en pleine figure, même lorsqu’on ne leur demandaient pas. Reading en vint presque à me manquer, et ce malgré le plaisir que j’avais eu à la quitter. Résultat du succès de ma politique de non-fraternisation avec mes camarades de classe, la plupart d’entre eux étaient incapables de se souvenir de mon prénom ou de mon nom de famille, et rares étaient ceux qui se rappelaient de mon existence même. C’était à la fois encourageant (je pouvais donc parfaitement me faire oublier) et désespérant (je n’avais toujours pas laissé d’impression durable au sein de l’école depuis septembre).

    « Écarte-toi McMahon. » Je m’apprêtai à rétorquer au colosse qui venait de me bousculer que mon nom de famille était English, mais je me ravisai. Il n’avait pas besoin de connaître mon nom, et je n’avais aucun désir de lui parler. Je me contentai d’obtempérer en murmurant, suffisamment fort pour qu’il m’entende : « Oui McDébile », ce qui me valut une violente claque sur la tête. Signe que je l’intéressais pas plus que l’histoire ou le français, il ne s’attarda pas plus sur moi, et poursuivit son chemin, comme s’il venait simplement de tuer une mouche un peu embêtante. C’était tout ce que j’étais ; un insecte agaçant que l’on corrigeait du plat de la main. Le crâne endolori par la claque infligée par le colosse, je poursuivis mon chemin. Je rentrai de classe, la journée était terminée. J’allais donc poser mes affaires dans ma chambre ; Christopher n’était pas encore rentré, je ne m’attardai donc pas dans le dortoir, je laissai tomber mon sac à côté de mon lit, et allai prendre ma douche. Lorsque j’eus terminé, j’enfilai un pull en laine bleue par dessus une chemise blanche et un pantalon en toile foncée, attrapai Lolita de Nabokov et descendit dans le réfectoire. La pièce était bondée, tous les pensionnaires venant y manger à la même heure. En règle générale, j’essayais d’y venir un peu plus tard afin d’éviter les plaisanteries douteuses et les batailles de nourriture, mais j’étais affamé, et j’avais entendu dire que ce soir, c’était soupe. Effectivement, je pus sentir les doux effluves de potiron dès mon entrée dans le réfectoire, et je me fis amplement servir de potage, mon estomac se tordant de plaisir à l’intérieur de mon ventre. Je cherchais une place à laquelle m’installer, éliminant d’office toutes les tables occupées par les comiques de service, les sportifs vantards, les jolies filles et les fils à papa bien coiffés, mais il me sembla qu’aucune chaise n’était vacante en dehors de ces tables. Je m’apprêtais à m’asseoir par terre, cette solution me paraissant infiniment préférable à la compagnie d’une bande de brute, lorsque j’aperçus un de mes camarades de classe assis seul en bout d’une table occupée par le groupe le plus sale, le plus vulgaire, le plus dégénéré de tout le réfectoire. Nicolas Emerson semblait tout petit et infiniment fragile, à côté des six membres de l’équipe de baseball assis à sa table. Je m’approchai de lui et raclai ma gorge afin de lui signaler ma présence. Malheureusement pour moi ce fut le moment que choisit l’une des brutes assises à côté de lui pour hurler une plaisanterie salace à ses amis, qui rirent à gorge déployée, provoquant un vacarme inhumain. Je dus donc renoncer à me faire remarquer par Nicolas, et choisis de m’asseoir directement face de lui, sans lui demander la permission. Ce ne fut que lorsque je fus assis, et que j’eus donc capté son attention, que je lui demandais si cela ne le dérangeait pas que je prenne cette place.
Revenir en haut Aller en bas
G. Nicolas Emerson
Be serious
I AM WILD
G. Nicolas Emerson

messages : 1476

❝ TAKE IT EASY ❞
côté coeur : Le coeur est pris, depuis longtemps et pour toujours, par quelque Apollon blond qui aurait donné à Nicolas son nom.
agenda, notes, planning :

NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight Empty
MessageSujet: Re: NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight   NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight Icon_minitimeVen 15 Fév - 21:49


Le vacarme est une chose qu'on dit partie de la vie en communauté, tout du moins chez les adolescents. Pourtant, il est bien connu que cette chose étrange, ce bruit certain mais néanmoins insignifiant car trop brouillon n'est rien d'autre qu'un malheur pour les tympans. C'est pourtant le quotidien, surtout à l'heure du diner. Quotidien simple, rébarbatif, qui est pourtant tout car sans quotidien rien ne pourrait en sortir. Et Nicolas a tendance à s'y perdre dans ce quotidien pourtant simple. Quotidien qui n'est rien qu'une bourrasque de vent dans sa tête.

Ses pas s’emboîtent dans d'autres, et le jour venu, le jeune homme n'est rien d'autre qu'une ombre aux yeux baissés. Une ombre, toujours suivant sa lumière, comme le bateau est à la nuit tombée attiré par le phare. Sauf que lui ce n'est que la nuit qu'il vit. Qu'il respire enfin. Le jour il n'est rien qu'un fantôme dont les pas suivent ceux de la masse hurlante et vomissante de mots. Mots, encore et toujours. Et il ne lève pas les yeux, ne prends garde à rien, ni à ses cheveux en bataille, ni à son uniforme mal mis. Il est généralement mal mis, trop maladroit pour tenter de ne pas se tâcher sur plus d'une heure, sa chemise immaculé ne reste jamais blanche bien longtemps, trempée souvent dans la peinture et les mots écrits. Son bras, ses mains, ses vêtements sont des feuilles de papiers interchangeables ou les idées s’emmêlent. Les larmes aussi, parfois, quand il perd le courage et a besoin d'un moment seul, loin des yeux de qui que ce soit. Loin, même, de l'ombre de son amant à laquelle il s'accroche pourtant jour après jour.

Les heures s’égrènent et passent, le temps est une chose qui après tout n'a pas été inventé pour durer mais pour couler entre les doigts ouverts des gens qui en attendent trop. Il ferme les yeux Nicolas, alléché par l'odeur qui vient des cuisines. Odeur qui s'envole et s'éparpille dans le bâtiment entier. Soirée soupe ce soir. Une des meilleures choses qui puisse arriver, et pour une fois il sait qu'il sera un des seuls à ne pas se plaindre du repas. Son addiction certaine pour la soupe n'a pas d'égal aux alentours. Pourtant, il traîné des pieds, même pour descendre, n'ayant pas fini ses dessins et autres projets pour la soirée. Sa chemise d'uniforme est en piètre état, encore une fois, troué au coude, pleine de peinture et de traces de fusains, mais qu'importe. Un artiste doit rendre sa toile propre, et belle, pas lui-même. Et puis, au fond, ce n'est pas comme si quelqu'un allait le remarquer, une ombre toujours. A la même table, chaque soir, à un siège de Clarence. Chaque soir, c'est comme s'il n'était qu'un fantôme pour les joueurs de l'équipe de baseball. Clarence est là bien sûr, mais Nicolas fait, dans son ombre, au mieux pour se faire oublier, tout son esprit à plat dans son carnet près de son assiette.

On pourrait lui dire que ce ne sont pas des manières, le réprimander d'une façon ou d'une autre, mais au fond, qu'importe. Il n'écoute pas. Il n'entends pas non plus. Là, à cette table au milieu de ces gens qu'il ne se plait pas à côtoyer, il est seul. Il est bien même, Gavroche, dans son monde à lui. Il n'a besoin de personne tant que le soleil brille, car il sait qu'il aura, à la nuit tombée, la plus important chose. Et il griffonne toujours, jetant de temps à autre quelque vague coup d'oeil à sa muse à seulement un siège vide de lui. Son soleil et son Apollon. Il se dit avec un sourire léger, presque timide qu'il n'a besoin de personne d'autre tant que le jeune homme le laisse siéger à sa droite. Et il finit son verre d'une traite.

Un verre comme un autre, en apparence, mais l'eau qui y brillait sortait d'une flasque toujours rangée dans sa veste. L'eau n'est pas ambrée souvent de toute façon. Whiskey, car il ne pourrait vivre sans. Étrange addiction pour un lycéen faussement bien dans sa peau, légèrement philosophe, qui ne croit en rien. Il ferme les yeux une seconde, après avoir fini sa lampée, histoire de reprendre un tant soi peu ses esprits. Une blague vaseuse est lancée, et il ne peut s'empêcher de sourire. Non que la chose soit amusante, elle est plus stupide qu'autre chose. Juste Clarence, une voix, douce qui continue. Comme s'il tentait de convaincre ses brutes et leur humour stupide avait un sens. C'est qu'il pourrait croire en tout, son ange. Ils sont de parfaits opposés, et pour être capable de respirer, Nicolas se doit de rester dans son ombre, histoire de le contre balancer. Et l'ombre, tout près, se moque en un sourire de sa lumière. Il rouvre les yeux, ajoute un trait ou deux. Un livre est dans son champ de vision, posé sur la table par la personne qui a poussé son plateau contre le sien. Il ne lève pas les yeux, dessinant encore, trop dans son monde, peut-être. Il ne veut pas en sortir, pas tout de suite, pas avant d'avoir fini. Et pourtant il murmure. « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents... Lo-li-taa » A peine un soupir, et pourtant il sourit. Livre majestueux, étrange de majesté tabou. Il devine à qui appartient la main posée au coin du plateau. « Tu devrais cacher ca, Lachlan ne doit pas vraiment apprécier ce genre de lecture chez ses élèves »


Son sourire grandit et le jeune homme lève enfin les yeux, une main glissant dans ses boucles, comme pour prétendre les remettre en place. Il acquiesce vaguement, de toute façon, Alfie est déjà assis. C'est d'ailleurs étrange, cette relation que les deux jeunes hommes ont. Tous deux solitaires, ils ne se parlent pas plus que ça. Et pourtant c'est comme si une certaine connection, compréhension existait entre eux. « Joli pull » Son sourire se ferait presque moqueur pour quelqu'un ne le connaissant pas. Mais non, il apprécie sincèrement. Et après tout, personne dans tout Lachlan n'a une collection de pulls comme celle du jeune homme en face de lui. Personne ne pourrait ne serait-ce que tenter de comparer. Il retrousse d'un geste vague le bas de ses manches avant d'attraper maladroitement sa cuillère. Et la lâchant des yeux une seconde, relevant le regard vers l'autre garçon, il réussit bien entendu à la faire tomber. Maladresse extraordinaire, presque légendaire. Et le bruit fin du fer claquant sur le marbre s'ajoute au vacarme, alors que Gavroche rougit, comme par défaut.
Revenir en haut Aller en bas
 

NICOLAS ◈ Sundark & Riverlight

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» ⊱ heaven forbid, we end up alone. (nicolas)
»  think of all the stories that we could have told ✻ nicolas.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: INTERNAT LACHLAN :: bâtiment principal. :: réfectoire-