Ils avaient quittés discrètement la fête, non sans regarder derrière eux, surveillant que personne ne les ai repéré. Le trajet avait été rapide, silencieux, paisible. Christopher avait fumé une cigarette pour occuper ses mains, en avait offerte une à son acolyte. La cabane, comme prévue, était déserte. Dégageant quelques branchages tombés la nuit précédente, Chris s'y fraya un chemin. L'intérieur était constitué d'une table, d'un cendrier rempli et d'un matelas défoncé dans lequel était planquées quelques bières. Christopher, comme s'il avait toujours vécu là, s'installa sur le matelas, se décapsula une bière et en tendît une au blond. Elles étaient fraîches, conservées par la température de la forêt. Ce silence. Ne venait le troubler que le souffle de la forêt, comme une respiration humaine, apaisée, apaisante. Christopher but une gorgée de bière, cette dernière calmant la brûlure de sa gorge. Il inspira longuement. « J'ai toujours eu envie de leur péter la gueule à ces cons. » Il s'octroya une autre gorgée avant de reprendre. « Je les regardais de loin s'acharner sur toi et j'avais envie d'péter un câble, mais j'ai jamais pu. » Il lui offrît un sourire pathétique et posa la bière froide contre sa tempe lancinante. Puis, la posant, il se mit à rouler une cigarette, y ajoutant un peu de "joie", comme il aimait s'y référer. Roulant le joint, il passa sa langue pour sceller le papier, si fin entre ses doigts. Et son coeur battait si fort contre sa poitrine, il était persuadé que même le blond pouvait l'entendre. Portant le joint à ses lèvres, il inspira longuement et se sentît plus détendu. De sa main libre, il défît le nœud de sa cravate qui l'étouffait depuis un petit moment déjà.

⊱ La cabane. À la fois le choix idéal et celui que redoute un peu Daniel. Isolée, là-bas ils seront seuls, à moitié alcoolisés.. Dieu sait comme il craint d'avoir encore plus de mal à se contrôler et pourtant ce soir, il ne veut pas faire comme la dernière fois. S'il a pu embrasser Christopher, c'était par force. Il se refuse de littéralement lui voler un nouveau baiser. Silencieux, il hoche la tête et le suit, après qu'ils se soient assurés ne pas être vus en train de s'éclipser. Il prend volontiers une cigarette quand Chris lui en propose une, tirant dessus en même temps que ses pensées emmêlées tiraillent son cerveau endoloris. Assommé par l'alcool, il a du mal à réfléchir correctement.

Dans la cabane, l'air est frais. Il reste debout, regardant la forêt comme s'il n'y avait pas mieux à regarder – ce qui est faux. Il prend la bière avec un hochement de tête en guise de remerciement, tentant de faire le clair dans son petit cerveau embrouillé par des émotions contradictoires. « J'ai toujours eu envie de leur péter la gueule à ces cons. » Interpellé, le blond relève les yeux, le fixant droit dans ses prunelles hypnotisantes. Il ne comprend pas de quoi parle Chris et fronce légèrement les sourcils, attendant qu'il poursuive. « Je les regardais de loin s'acharner sur toi et j'avais envie d'péter un câble, mais j'ai jamais pu. » Le coeur de Danny s'accélère. Pourquoi lui dit-il ça ? Pourquoi maintenant, alors qu'il a subit ça des années durant ? Pensif, il garde tout d'abord le silence. Puis, il se lance, avec un léger soupir lui aussi. « T'avais pas à le faire de toute façon. J'm'en serais voulu s'ils t'avaient amoché. Puis, entre nous, j'vois pas pourquoi t'aurais fait ça, on n'a jamais été vraiment... » Vraiment quoi ? Amis ? De peur de lancer un sujet qu'il n'a pas envie d'aborder, il se tait. Il observe le brun faire, le dévorant des yeux en profitant du fait qu'il soit trop occupé pour le remarquer. Il fixe ses lèvres, sa langue, son visage, ses mains... Il frémit. On dira que c'est le vent frais qui s'engouffre dans la cabane, hein. Il l'imite alors, desserrant lui aussi son noeud de cravate, trouvant ça étrange qu'ils soient en costume dans ce lieu si isolé et si libre. Il aurait presque envie de se déshabiller entièrement, mais quelques points de raison le retiennent encore. Finalement, il va s'installer juste à côté de Chris, souriant bêtement – l'alcool prend le dessus. Il sent le corps du brun contre le sien et ça suffit à lui arracher un frisson. Pour autant, ce qu'il fixe, c'est le joint entre ses lèvres. « Hé, partage.. » murmure-t-il avec un ton enfantin et espiègle, avec un sourire naïf de gosse sur les lèvres.