informations personnelles.
(NOM) Towner
(PRÉNOMS) Angelica Edith
(AGE) 16ans
(NATIONALITE) Anglaise
(LIEU ET DATE DE NAISSANCE) Le 25 Juillet 1947 à Nottingham
informations scolaires.
(ANNÉE) Lower Sixth form
(OPTIONS) Grec et Histoire de l'art
(DANS L'ETABLISSEMENT DEPUIS) J'ai fait ma troisième rentrée cette année.
(NIVEAU SCOLAIRE) Aussi bon que mes capacités et mon éducation me le permettent. J'ai tendance à travailler un peu plus que je ne le devrais mais je sais très bien que mes parents n'accepteraient pas un quelconque échec de la part de leur progéniture...
(A SAVOIR) Elle voue une certaine admiration à ses géniteurs et aimerait beaucoup ressembler à sa mère plus tard. — Elle porte en deuxième prénom le prénom de sa mère. Une chose dont elle est fière et qu'elle apprécie apprendre aux gens qu'elle rencontre. — Elle est en perpétuelle compétition avec son grand frère, Marlon. — Chez elle, elle a un chat appelé Celia, qui lui manque beaucoup quand elle est à l'internat. — Elle tâche de ne rien faire qui puisse entacher la fierté que ses parents lui portent. — Elle aime aller à la messe en famille, même si ce n'est pas forcément du goût de son frère. — Son père a commencé à lui apprendre le français dès son plus jeune âge. — La pâtisserie est plus une passion qu'un passe-temps, et elle s'y adonne aussi souvent que possible. — Elle voit d'un mauvais œil le raccourcissement des jupes, que ce soit dans la rue, dans les magasins ou sur ses camarades. — Elle s'intéresse de très près à l'Histoire, notamment à la Révolution Française. — Elle fait de son mieux pour ne jamais se plaindre et garder l'ombre d'un sourire en permanence sur les lèvres. — Elle trouve normales les inégalités entre hommes et femmes, tant qu'on ne compte pas Marlon parmi les dits-hommes. — Elle rêve de visiter le château de Versailles. — La vie en communauté ne lui semble pas toujours très évidente et elle cherche des coins tranquilles pour retrouver silence et solitude. — Elle passe beaucoup de temps à regarder les voitures et aimerait apprendre la mécanique, mais elle n'a jamais osé en faire part à qui que ce soit. Une fille n'est pas faite pour avoir les mains dans un moteur. — Elle imagine son avenir avec de nombreux enfants dont l'éducation sera sa seule et principale priorité.
(ANECDOTES) septembre 1952 La radio jouait une chanson entraînante depuis de longues secondes déjà lorsque Edith reposa le couteau et la pomme qu'elle tenait pour attraper les mains d'Angelica à genoux sur une chaise pour être à la hauteur de la table. Elle la fit descendre de son perchoir et elles se mirent à danser en riant. La musique finit par se taire et toutes deux reprirent la tarte qu'elles avaient abandonné pour gigoter. La petite fille attrapa de nouveau les morceaux de pomme que sa mère avait déjà découpé et les plaça un à un dans le moule, avec un soin tout particulier pour éviter que la pâte n'apparaisse par endroit. Lorsqu'elle eut terminé, elle releva la tête, observant sa mère éplucher un énième fruit.
« Pourquoi Papa et Marlon ils sont un peu jamais avec nous, Maman ?»La jeune femme ne répondit pas tout de suite, terminant ce qu'elle était en train de faire certainement pour échapper à une discussion à laquelle elle ne voyait pas grand intérêt. La fillette, elle, ne lâchait pas sa mère des yeux, attendant bien sagement qu'elle daigne l'éclairer. Bien sûr, elle n'était pas malheureuse de tout le temps qu'elle passait avec sa génitrice mais elle ne comprenait pas. Ils s'amusaient bien tous les quatre, quand ils étaient ensemble, non ? Elle n'avait pas l'impression d'avoir fait quelque chose de pas bien qui méritait une telle sanction mais peut-être l'avait-elle fait sans s'en rendre compte. Edith acheva de couper la pomme en morceaux et les lui tendit. Elle s'empressa de terminer son oeuvre.
« Ils font des choses entre hommes, comme nous on en fait toutes les deux. Nous n'avons pas du tout les mêmes centres d'intérêts, tu sais Angelica, alors c'est normal de les laisser partir quand ils le veulent. »Elle hocha la tête, feignant d'avoir parfaitement compris ce que venait de lui expliquer sa mère, mais elle restait malgré tout dans le flou. Quand ils allaient faire des ballades dans les bois, ils faisaient tous la même chose et tout le monde le vivait très bien... C'était pareil quand elle jouait avec Marlon au marchant et à la marchande et qu'ils allaient "vendre" leurs fruits et légumes en bois à leur parents. Elle termina de garnir la tarte et la jeune femme l'emporta jusqu'au four où elle l'enferma sans un mot de plus.
« Je pourrais aller avec Papa et que Marlon il reste avec toi ? »Elle descendit de sa chaise, peina à défaire le noeud de son tablier, le déposa sur la table et alla se laver les mains en montant sur le petit tabouret près de l'évier. Sa mère lui tendit le torchon pour qu'elle ne s'essuie pas sur sa robe et déposa un baiser dans ses cheveux.
« Non, bien sûr. Quelle drôle d'idée ! Ton frère n'a pas à rester à la maison à faire la cuisine... Je ne sais pas où tu vas chercher tout ça mais ce n'est pas des choses qu'une petite fille doit penser. »Angelica baissa les yeux, un peu honteuse de s'être ainsi laissée aller à émettre une telle proposition et quitta la cuisine sans rajouter un mot, ne pouvant malgré tout pas s'empêcher de penser que ce n'était pas juste. C'était autant son Papa que celui de Marlon... Sauf qu'elle, elle ne pouvait pas en profiter.
mai 1954 L'après-midi passé chez ''tante'' Susan, l'amie de sa mère, venait de se terminer. La jeune Angelica était encore un peu somnolente de ces dernières heures à écouter parler les deux femmes sans s'intéresser à la conversation mais suivait docilement sa génitrice, sa main sagement glisser dans la sienne. Le soleil projetait des ombres déformées sur le sol, des ombres qui s'étendaient jusqu'à disparaître sous les voitures garées sur le côté. Ce fut en suivant une des yeux que la petite fille remarqua quelque chose. Oubliant ses bonnes manières et sa légère fatigue, elle lâcha la main de sa mère et se précipita de l'autre côté du trottoir, se couchant par terre sans se soucier de l'état dans lequel elle retrouverait sa jolie robe. Elle rampa difficilement sous le véhicule, grimaçant à cause des cailloux qui lui écorchaient les bras mais après quelques interminables secondes, elle parvint enfin à atteindre son but. Elle finit par se relever tant bien que mal, une petite boule de poils dans les bras. Le regard d'Edith, tout d'abord plus réprobateur qu'il ne l'avait jamais été, s'attendrit aussitôt à la vue du petit chat que tenait sa fille.
« On peut le garder ? Dis oui, Maman, dis oui ! »Sa mère caressa la petite tête de l'animal, juste entre les deux oreilles, qui se mit à ronronner aussitôt, achevant de plaider sa cause. Elle soupira et lui attrapa une patte du bout des doigts. C'est vrai que son beau pelage blanc virait au gris, qu'il devrait certainement lui donner un bon bain et que Samuel, son mari, ne l'accepterait pas aussi facilement qu'elle mais ce serait vraiment cruel de remettre ce pauvre petit être dans la rue, alors qu'elle pouvait lui offrir un toit...
« Il faut d'abord demander la permission à ton père, Angelica. » lui rappela t-elle doucement.
« Mais ramenons-le à la maison en attendant. »La fillette ne put s'empêcher de se mettre à sautiller en riant joyeusement, heureuse de pouvoir garder le chaton avec elle. Elle le serra tendrement et lui déposa un baiser sur le dos alors qu'elle reprenait le chemin de la maison. L'ennui de cet après-midi avait totalement disparu, une nouvelle occupation venait de prendre place dans son esprit d'enfant : il fallait trouver un nom à son nouvel ami...
août 1957 La pluie s'était invitée depuis le début de la matinée et n'avait cessé de tomber depuis. Le temps paraissait s'écouler au ralenti, l'horloge n'indiquait que seize heures quarante-cinq. Toute la famille Towner était réunie dans le salon de leur maison de Nottingham : Madame tricotait silencieusement pendant que Monsieur lisait le journal tandis que Marlon survolait en soupirant les pages d'un magazine qu'il avait trouvé on ne savait où. Angelica, elle, s'était plongée dans l'un des nombreux livres en français qui appartenait à son père : "
Au Bonheur des Dames". Elle ne comprenait pas tout et certains mots apparaissaient devant elle comme par magie sans avoir pris la peine de se présenter un jour mais ça ne faisait rien, elle continuait sa lecture malgré tout, s'accrochant parfois désespérément à son dictionnaire anglais/français qui parvenait tout de même à la sauver. Elle s'étira et Celia grimpa sur ses genoux dans un miaulement fatigué. Même le pauvre chat s'ennuyait aujourd'hui... Elle se mit à lui caresser la tête d'un geste aussi distrait que machinal, sans même prendre la peine de lever les yeux de son livre. Les cloches de l'église voisine annoncèrent dix-sept heures. Le bruit du journal que repliait Samuel troubla le silence du salon, faisant tourner tous les regards vers lui. Il se leva, posa le quotidien sur l'accoudoir du fauteuil qu'il avait occupé quelques secondes plutôt et porta son attention sur ses enfants.
« Tu devrais prendre exemple sur ta soeur, jeune homme. » lâcha t-il à son aîné alors qu'il soulevait d'un doigt négligeant la couverture du magazine de celui-ci pour voir de quoi il s'agissait.
« Ce n'est certainement pas avec ça que tu apprendras quoi que ce soit. Interview d'Elvis Presley... Si tu crois que c'est avec ça que tu vas réussir ta vie, tu te trompes mon bonhomme ! »Le coeur de la jeune fille s'emballa alors qu'elle faisait de son mieux pour cacher le sourire naissant qui luttait pour prendre possession de son visage. Rares étaient les fois où son père la prenait en exemple, et pis encore, en rabaissant son frère de la sorte. Cela faisait quatre fois qu'elle relisait la même phrase sans en comprendre le moindre mot, sa concentration s'était fait la malle et avec elle les bases de français qu'elle avait pu acquérir jusque là... L'homme quitta la pièce, Edith sur les talons, laissant les deux enfants seuls dans le salon. Angelica se laissa donc aller à montrer sa joie. Ce qui n'échappa pas au jeune garçon, bien entendu. Il soupira silencieusement, crachant quelque chose d'incompréhensible où seuls les mots "bouquin", "fayote" et "imbécile" ressortirent. Alors qu'elle aurait dû s'en offusquer, elle ne put que sourire davantage. Cette affreuse journée ne pouvait pas mieux se terminer.
« Oh, mais le prends pas mal ! C'est pour toi que Papa dit ça, tu sais ? »Un juron lui parvint du couloir et la porte de la chambre de son frère claqua bruyamment. Il était vexé, et c'était absolument grandiose...
septembre 1960 La valise de Marlon était dans l'entrée depuis plusieurs minutes déjà lorsque Angelica la remarqua enfin. Elle l'observa silencieusement, la toisant d'un air de défi comme pour lui signifier qu'elle aurait gain de cause. Elle avait bien entendu appris que son frère allait aller en internat à la rentrée mais elle n'y avait pas vraiment cru. Pourquoi faire ? Il pouvait très bien rester dans la même école, là où il avait ses amis, là où il avait toujours été. La jeune fille ne voyait pas l'intérêt de ce brusque changement dans son quotidien et n'était pas prête à laisser son grand frère filer de la sorte simplement parce que c'était mieux pour son avenir. Elle s'en fichait, elle, de son avenir ! Elle ne voulait juste pas le voir partir. Résolue à obtenir pour une fois ce qu'elle souhaitait, elle alla s'asseoir sur le bagage, croisant les bras avec détermination. On ne mit pas longtemps à s'apercevoir de l'obstacle qui s'était dressé sur le chemin tout tracé de cette nouvelle rentrée scolaire.
« Lève-toi Angelica, on va être en retard. » Bien sûr, "on" désignait Marlon et son père, certainement pas les femmes de la famille qui, une fois encore, étaient destinées à rester à la maison en attendant la rentrée de la benjamine qui devait avoir lieu le lendemain. Elle ne bougea pas. Ils ne partiraient pas à l'heure, seraient en retard, et le jeune homme ne serait pas admis dans son école, il resterait ici et la vie continuerait comme elle l'avait toujours fait, ni plus ni moins. Ou alors elle irait avec eux, et serait, elle aussi, admise dans cette école. Il n'y avait pas de raison que ce soit toujours Marlon qui profite de tout, tout le temps. Elle n'était pas stupide, si son frère pouvait y accéder, elle le pouvait également.
« Pourquoi je n'y vais pas, moi ? »Samuel soupira. Sentant venir un conflit auquel elle n'avait pas la moindre envie d'assister, Edith retourna vaquer à ses occupations, gardant malgré tout une oreille attentive en direction de la conversation. Elle regarda sa mère disparaître mais ne bougea pas pour autant. Ce n'était pas juste, elle ne voulait pas être la pauvre fille qui restait à la maison pendant que le merveilleux garçon de la famille vivait de nouvelles aventures loin de là.
« Tu es trop jeune. Et puis, tu as déjà une école que tu apprécies. Tu n'as pas envie de quitter tes amies, n'est-ce pas ? »Trop jeune ? Elle n'avait qu'un an de moins que son frère ! Une toute petite année ! Elle refusait toujours de bouger, s'accrochant désormais aux poignées de la valise, afin qu'on ne puisse pas l'en déloger. Pour une fois, ça ne se passerait pas aussi facilement, et tant pis si ça ne se faisait pas, et tant pis si ce n'était pas digne d'une jeune fille bien éduquée. Elle voulait avoir la même éducation que son frère, elle voulait apprendre plein de choses nouvelles également. Bien sûr qu'elle aimait bien l'établissement qu'elle fréquentait depuis plusieurs années déjà, et qu'elle n'avait pas envie d'abandonner ses amies alors qu'elle les connaissait depuis toujours mais ce n'était pas des arguments convaincants puisque ça ne regardait personne d'autre qu'elle.
« Et l'année prochaine, je pourrais y aller moi aussi ? » demanda t-elle sans prendre la peine de relever la deuxième question de son père.
« Je veux y aller l'année prochaine, j'aurais le bon âge ! » Elle n'eut pas le temps de débattre davantage que son aîné arriva derrière elle, défit le noeud qu'elle avait dans les cheveux et partit avec le ruban. Prise par surprise, elle se leva d'un bond en hurlant qu'il devait le lui rendre, qu'il était à elle, et que ce n'était pas gentil de l'embêter toujours ainsi. La situation venait de lui échapper et la situation de force dans laquelle elle s'était trouvée venait de s'effondrer lamentablement. Son père attrapa la valise avant qu'elle n'ait eu le temps de rouspéter et ouvrit la porte d'entrée. C'en était fini, elle ne pourrait pas y aller. Son frère allait partir et comme toujours, elle resterait ici... Encore et toujours ici...
« Va aider ta mère. A tout à l'heure. » S'il pensait s'en tirer comme ça, il se mettait le doigt dans l'oeil. Elle voulait aller dans cette école, et même s'il lui fallait remettre quotidiennement le sujet sur le tapis, elle finirait par y aller.