informations personnelles.

(NOM) wilshire
(PRÉNOMS) eleanor, ainsi que daisy et margareth, hérités de ses grand-mères.
(AGE) dix-sept ans.
(NATIONALITE) anglaise pure souche.
(LIEU ET DATE DE NAISSANCE) le vingt-trois novembre mille neuf cent quarante sept à londres.

informations scolaires.

(ANNÉE) upper sixth form, dernière année.
(OPTIONS) histoire de l'art, grec, et deuxième langue vivante; l'italien.
(DANS L'ETABLISSEMENT DEPUIS) depuis son ouverture aux filles, il y a trois ans donc.
(NIVEAU SCOLAIRE) très bon niveau.

(A SAVOIR) eleanor a toujours été une jeune femme très distinguée, modèle et studieuse ▲ ses résultats sont excellents et elle fait parti des meilleurs de sa promotion ▲ considérée comme plutôt coincée, on apprécie tout de même sa compagnie, douce et totalement accessible malgré les apparences ▲ rêveuse, elle aimerait être maître de son avenir, déjà tout tracé ▲ cependant, depuis quelques mois maintenant, la jeune femme se dévergonde complètement, oubliant les convenances ▲ elle souhaite profiter de sa jeunesse ▲ très gourmande, elle possède toujours sur elle quelques sucreries ou biscuits ▲ fan d'elvis, et de la musique en générale, elle aime beaucoup danser, au diable la danse classique, beaucoup trop rigide.

Le buste droit, un sourire discret et une attitude irréprochable, Eleanor représentait l'enfant parfait. Dotée d'une certaine élégance naturelle et d'une douceur considérable, les parents Wilshire pouvait être fiers. Leur fille présentait déjà des capacités intellectuelles supérieures à la normalité, et celle-ci s'intéressait à toutes sortes d'activités. A peine avait-elle appris à lire qu'elle passait déjà son temps dans l'immense bibliothèque du manoir familial. Née à Londres, une froide journée d'hiver, les Wilshire faisaient parti d'une certaine classe sociale, considérée comme l'élite. De ce fait, la petite fille devait faire tout son possible pour ne pas entacher l'image de cette noble famille. Ce jour-là était important, son père recevait de riches investisseurs irlandais, voulant poser leurs valises dans la capitale anglaise. A peine âgée de six ans, Eleanor était l'unique héritière de l'empire Wilshire, ayant fait fortune dans l'industrie du textile, et ce bien avant la guerre. C'était une tradition familiale, qui allait durer longtemps encore. Elizabeth, sa tendre mère, passait de nombreuses heures à dessiner de belles parures pour des sommes exorbitantes. On retrouvait ses créations sur de grandes personnalité, ayant même obtenu un contrat dernièrement avec la famille royale britannique. Une fierté selon eux, et un défi de grande ampleur. Il ne fallait pas décevoir sa majesté, surtout en ces temps où les affaires étaient si bonnes. « Eleanor, veux-tu rejoindre Catelyn ? Il est temps de prendre ton cours de danse. » Celle-ci acquiesça sans un mot, avant de lancer un large sourire aux invités. La danse classique était un art à part entière, et la fillette se rendait chaque fois avec plaisir à ses heures. D'autant plus que son professeur était très agréable. Elle n'avait pas le temps de s'ennuyer, ses parents lui offraient la possibilité de prendre part à des activités diverses et variées, destinées à élargir ses connaissances. Être une femme à cette époque n'était pas chose facile, alors si elle voulait se démarquer, non pas uniquement par son nom, elle devait obtenir une culture et une certaine intelligence la propulsant au sommet. Plus haut encore que leur situation actuelle. Ceux-ci voyaient en elle plein d'espoirs. Ils voulaient tout d'abord qu'elle reprenne l'entreprise Wilshire, mais aussi que leur nom s'étende au-delà de l'Atlantique. Les Etats-Unis, terres où tout devenait possible. Ils avaient la Grande-Bretagne dans leur poche, et maintenant leur pouvoir allait s'étendre jusqu'en Irlande. Ils ne s'arrêteraient jamais, et ne le voulaient pas. Leur ambition ainsi que leur sens des affaires étaient démesurés. Arrivant toujours à leurs fins, ils obtenaient ce qu'ils voulaient en un claquement de doigt. Ils montaient les échelles de la hiérarchie jusqu'à appartenir aux plus grands. Encore naïve et beaucoup trop jeune pour comprendre le monde qui l'entourait, Eleanor se contentait de suivre ses parents, unique repère dans sa petite vie. Cependant, elle ne savait pas encore que cette vie ne lui correspondait pas. Que ce n'était pas elle. Il lui fallut de longues années avant de le comprendre.

Paris, capitale de la douce France. Tout juste arrivée, Eleanor était émerveillée par tant de beauté. La totalité de la famille Wilshire était en déplacement, encore une fois pour affaires. Les créations d'Elizabeth prenaient une grande ampleur, et on voulait rencontrer en personne ses auteurs. Elle inspirait l'admiration et un certain respect, femme qui sut se faire une place dans un monde particulièrement masculin. Son mari, Arthur, était seulement celui qui dirigeait les usines et qui trouvait de bons contrats. Le cerveau, bien que personne hormis les femmes ne l'admettraient, était bel et bien son épouse. Sans elle, l'entreprise Wilshire ne bénéficierait pas d'une telle notoriété. Déambulant dans les rues de Paris, Eleanor avait le droit à tout. Quelle que soit sa demande, elle l'obtenait. Pourtant, ce jour-là, elle se retrouva confrontée à la dure réalité de la vie. Celle qui se cachait derrière tant de richesse et de belles parures. Non loin de la Tour Eiffel, monument gigantesque et particulièrement intimidant, elle aurait voulu ne jamais voir cela. Ses parents discutaient avec leurs hôtes, la tête levée vers le ciel, admirant tout la beauté des lieux. Deux silhouettes, aux vêtements ternes et en lambeaux, allaient à la rencontre de quelques passants, demandant de l'aide. Elle resta à les fixer longuement, avant de faire quelques pas vers eux. L'un des deux enfants devait avoir son âge, tandis que l'autre s'accrochait au bras de son aînée. Ils paraissaient si fatigués et leur maigreur faisait peur. Les yeux humides, elle se pencha, pour arriver à la hauteur de ce petit garçon. Aucun d'entre eux ne parla, et ils se contentèrent de s'observer. Elle plongea une main dans son sac, avant d'en sortir quelques biscuits. Ses parents tenaient toujours à ce qu'elle ait de quoi manger sous la main, juste au cas-où. La jeune fille était particulièrement gourmande, et cette mesure ne lui déplaisait pas. Autour de son poignet se trouvaient des bracelets, de métaux nobles et ornés de pierres précieuses. Elle lança un regard vers cette partie de son corps, soudainement prise de dégoût. Sans plus attendre, elle en retira quelques uns avant de prononcer quelques mots dans un français hésitant. « Bonne chance, que Dieu vous protège. » Une main se posa sur bras, l'attirant vers la personne en question. Son père, le regard dur et l'air sévère l'éloignait de ses enfants, les fuyant comme la peste. « Ne te mêle pas à ce genre de personnes, qui sait quelles maladies ils promènent sur eux. Tu devrais faire plus attention. » Il prononça ces quelques paroles de manière à ce que l'on ne l'entende pas. Ils avaient une image à préserver. Ce dernier sortit alors un billet, une centaine de francs, avant de se retourner tout sourire. Eleanor avait toujours été habituée à la luxure. Elle n'avait jamais connu la misère et la rencontrait pour la première fois. Elle ne savait même pas que des personnes vivaient dans de telles conditions. Et l'attitude de son père ce jour-là la révolta complètement. Choquée, elle ne le reconnaissait pas. Cependant, elle gardait le sourire, ne laissant transparaître la moindre émotions. Comme il disait si bien, ils avaient une image à entretenir.

Assis autour d'une immense table dans le manoir Wilshire, un silence lourd pesait. Les domestiques venaient et repartaient, servaient les plats puis les ramassaient. Pas un mot, même pas de remerciement. D'ordinaire très agréables avec leurs employés, ceux-ci craignaient maintenant leur colère. La raison de tout cela, Eleanor. Celle-ci se faisait plus petite que jamais, consciente que son père était à bout de nerfs, se contentant de manger. « Ton comportement est inadmissible. » Il s'arrêta. Nous étions en décembre, pendant les vacances de Noël et la jeune fille était de retour depuis quelques jours déjà. La tête baissée, elle se remémora ses dernières escapades nocturnes à Berwick-Upon-Tweed, et involontairement laissa échapper un petit rire. Un bruit retentit dans l'ensemble de la pièce, et la fit sursauter. Le poing serré, Arthur venait de frapper violemment la table. « Et tu en es fière. Eleanor, tu es notre unique fille. Notre unique fille, tu dois nous faire honneur. Que Diable t'arrive-t-il ? » A côté, son épouse restait muette. Elevée selon des valeurs précises, elle n'avait pas le privilège de contredire son mari. Condamnée à regarder cette scène, elle ne bougea pas d'un pouce. « Nous avons eu écho de quelques conversations, comme quoi la jeune Wilshire se dévergondait. Le soir de ton anniversaire me semble-t-il. Les épaules dénudées, une jupe au-dessus des genoux et maquillée comme une catin. » Il insistait sur le dernier mot. Il se leva, avant de s'avancer vers sa fille. Elle le suivit du regard, sans le lâcher une seconde. Eleanor n'était plus la même. Elle avait changé. Elle s'était rendue compte de nombreuses choses. Cet internat lui avait finalement était d'une grande aide. Petite fille trop aisée, d'une grande générosité, son nom attisait la curiosité. Il en éloignait certains, et attirait des intéressés comme de vulgaires mouches. Eleanor était la petite fille riche pourrie gâtée, ne connaissant rien au malheur et au besoin. Une cuillère en or dans la bouche, habillée des tissus les plus nobles, portant des bijoux précieux. On l'enviait, on la jalousait. On lui en voulait. On disait d'elle des choses complètement fausses. On la considérait comme une personne qu'elle n'était pas. Eleanor n'était pas hautaine, égoïste et égocentrique. Les rares personnes se donnant la peine de la comprendre s'en rendirent compte. Intérieurement, elle hurlait. Elle ne supportait plus cette vie. Cette vie toute tracée. Elle n'avait pas le choix, prisonnière d'un avenir qui lui convenait pas. A dix-sept ans seulement, elle découvrait ce qu'était réellement la vie. Et elle adorait cela. « Je m'habillerai comme une catin si cela m'enchante. Et je n'en ai aucunement honte. » La main de sa main se retrouva la seconde qui suivit sur sa joue, rougie par une gifle. Jusque là, il n'avait jamais osé lever la main sur elle. Elle conservait ce sourire aux lèvres, l'air arrogante. « Vous me faîtes de la peine. Obnubilé par le pouvoir et la richesse, vous en oubliez votre amour propre. Quelle bassesse ce geste-là. » Puis elle s'en alla, s'enfermer dans ses appartements.